Les focales utilisées par WKW dans ce film fabriquent elles aussi de la planéité : en règle général, on utilise, dans de tels endroits confinés, des focales courtes ou moyennes, étant donné le manque de recul.
 
C’est d’ailleurs ce qu’avait fait WKW lui-même en 1995
pour Les Anges Déchus, jusqu’à la caricature.
 
 
 
 
 
La longue focale, on le sait, diminue la profondeur de champ. Dans 2046, il y a donc le flou  : les personnages sont alors pris dans la nasse d’un flou qui dit l’indétermination, l’incertain (comme les souvenirs), l’absence de repères fixes.
 
Mais ce qui est le plus frappant, c’est que WKW, en choisissant la longue focale, crée un monde plat, dans lequel corps et décor ne font qu’un. Comme si les corps n’avaient pas plus d’épaisseur qu’une feuille de papier (ce qui au passage fait référence au métier de Chow, écrivain).
 
D’ailleurs, ce monde s’ouvre et se ferme un peu comme les pages d’un livre et les cloisons ne semblent pas plus épaisses qu’une feuille. Tellement fragiles que l’intimité n’existe plus : entre les chambres 2046 et 2047, la porosité, tant visuelle que sonore, est importante.
quelques photogrammes
des Anges déchus